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Contre l'incapacité d'action

Dynastie enseignante

 

L’environnement familial dans lequel a évolué Lou n’est pas étranger à son engagement personnel. Bien après les ondes abdominales de France Culture, l’engagement maternel a continué à le façonner. « Ma mère me traînait aux manifs de profs », raconte-t-il. Bien plus qu’elle seule, toute la branche maternelle a influencé la vision politique de Lou, « fils, petit-fils, arrière-petit-fils de prof ». Le cliché des enseignants socialistes ? « Ma mère est plus à gauche que moi », analyse le jeune militant, pour qui l’influence a été davantage morale que partisane. « Mon grand-père a été fondateur de la SFIO en Martinique », énonce, non sans fierté, celui que ses parents appelaient « Idéfix » pour son caractère têtu.

 

Rage électorale

 

6 mai 2007. Nicolas Sarkozy remporte l’élection présidentielle en devançant de six points la candidate socialiste, Ségolène Royal. Un drame pour Lou qui, à 17 ans, n’a pas pu voter. « J’étais dans un état de rage », confie-t-il. Exaspéré de son « incapacité d’action » et du « sentiment que quoi que tu fasses, ça ne change rien », il décide d’intégrer un parti politique. Il s’inscrit au Mouvement des jeunes socialistes, motivé par une « logique d’efficacité » : « Le PS est le premier parti de gauche de France, donc si on veut agir, c’est là qu’il faut aller. »

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Son horizon est désormais politique. Sa rage a « un peu disparu », l’âge et le droit de vote envoyant aux oubliettes l’impression que toute action est impossible. Lou vit le militantisme comme un accomplissement. «Mon engagement politique a été fait avant ma majorité. Je voulais, il fallait que je sois engagé. »

 

En 2013, Lou était à Istanbul lors des manifestations de la place Taksim. Sa conviction socialiste l’a suivi jusque dans la section stanbouliote du PS, qu’il a rejoint avant d’aller accompagner les Turcs sous les gaz lacrymogènes. Il espère malgré tout «ne pas être dans cette logique de carrière politique », gardant en tête la phrase que lui a assénée sa grand-mère : « La politique, c’est pas un métier. »

Effervescence intellectuelle

 

Aujourd’hui encore, Lou irrigue son engagement de tout ce qui l’a marqué depuis l’âge de l’enfance. « Je passais mon temps à lire le dictionnaire », affirme celui qui se ménage, dès qu’il le peut, des journées de libre pour se rendre à Paris dans sa famille et enchaîner exposition sur exposition. Ce « Jack Languiste », amoureux de la culture – son « point fort » –, a conscience de sa chance d’être issu d’un milieu propice au savoir et à la connaissance.

 

« Je ne suis pas représentatif des jeunes et de la population », reconnaît-il, avant d’ironiser : « Je ne suis pas représentatif de la classe politique non plus, d’ailleurs. » Cette « inégalité culturelle », il l’a découverte en hypokhâgne. « On oublie le niveau de mixité sociale qui existe en classe prépa publique », explique-t-il. En rencontrant « un ami marocain, fils d’ouvrier marocain », il a pris conscience du privilège que constituait la connaissance héritée de ses expériences et de son milieu social. Sans être certain du bienfait de l’écart entre politiciens et population, il ne le voit pas comme un frein. « Je crois en la valeur de l’exemptum : faire de sa vie un élément de mobilisation. »

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